Il peut vous être proposé des ouvertures, c'est à dire un accueil spécifique et une proposition de mise en corps collective pour entrer dans la jam. Cependant ces ouvertures ont seulement pour fonction d'accompagner le groupe dans l'improvisation, elles ne sont pas suffisantes pour échauffer le corps. Vous serez souvent autonomes dans la façon de préparer votre corps, c'est pourquoi nous vous laissons ici quelques mots pour nourrir votre réflexion et suciter votre vigilance.... Ces mots s'appuient sur le travail de Sylvie Fortin et son équipe dans l'ouvrage "Danse et Santé, du corps intime au corps social".

 

 

  • CORPS ET SOCIETE

Le Ci est né dans les 70's c'est à dire dans un contexte de résistance à l'impérialisme du corps machine pour de nouvelles façon de "vivre son corps, la nature et les rapports avec les autres". (Midol, 1995) C'est le temps d'un appel à un corps sensible, sensuel, dionysien dirigé vers un mieux-être. Par un travail sur les sensations est mis "au coeur de son acte la double question du sentir et du corps"(Després, 2005). Il s'agit de se défaire de la notion de corps parfait. Le corps parfait est un corps objectivé par la volonté de le fabriquer selon un modèle de perfection qui calibre les morphologies, divise le corps, fétichise des postures ou positions...... La quête vers le corps parfait prend source dans le plaisir de danser ou de regarder danser "un corps de beauté".  Le désir du beau est une notion traditionnelle de l'esthétique. C'est le monde du fanstame et du rêve où règne une forte sublimation du corps et une mise à l'écart de la fragilité de la corporéité. Ainsi la sublimation poétique peut entraîner la démarche de perfection.

 

Dans le monde de la danse, le discours dominant normalise les blessures, l'inconfort, la douleur. Les corps et plus particulièrement ceux des femmes sont toujours asservis au modèle de la ballerine entraînant chez beaucoup de l'anorexie. L'acte de danser comme véritables expériences singulières et sensibles de l'altérité restent rares et précieuses.

 

 

  • LES RISQUES

En voulant réinventer, recréer, aller vers l'expérience de l'inconnu, le dépassement de soi, on en arrive à prendre des risques. Les prises de risques peuvent être aussi comprises comme positives car elles intègrent un aspect de transgression de l'image du corps civilisé pour autant elles peuvent entrainer des atteintes physiques.

L'épanouissement qui résulte de la pratique peut donner le sentiment qu'il vaudrait des sacrifices consentis. On peut alors se mettre à s'investir corps et âme, on se donne à la pratique et on peut aussi se perdre soi-même. L'envie tellement forte de danser, la recherche d'expériences transcendantes, extatiques, jubilatoires peut entraîner un manque d'attention à ses besoins corporels. Paradoxalement, le statut du sensible peut faire basculer vers une certaine négation du corps sensoriel. Enfin une passion obsessive qui renvoie à une pression interne force l'individu à s'engager dans l'activité à n'importe quel prix.

 

 

  • LES FACTEURS DE PROTECTION

Tenir compte de la réalité de son corps que les autres ne connaissent pas

Exprimer les douleurs ressenties

Aménager son temps de mise en corps à son rythme

Adapter la gestuelle à son confort comme source d'inspiration, de création

Adopter une continuité dans le soin de soi

Mobiliser une pensée critique

interactions sociales entre danseu.ses.rs

entraide, partage, échange de connaissances

collectif avec un équilibre entre novices et expérimenté.e.s

identifier collectivement les besoins du groupe

 

 

Protéger sa santé dans les pratiques parfois intensives (stages, festival) recquiert une forte responsabilité individuelle et ne peut se passer de soutien social. Il s'agit donc de pouvoir échanger entre pratiquant.e.s.

C'est pourquoi Jam in Lyon a instauré des temps d'échange une fois par mois comme les talks.

 

 

  • LES OUTILS

Les pratiques somatiques telles que Feldenkrais, Alexander ou Body Mind Centering offrent des outils pour améliorer sa technique, développer ses capacités expressives et prévenir et/ou guerrir les blessures.

Ces méthodes reposent sur "la capacité du corps vécu de s'éduquer en tant que corps vécu" (Joly, 1995). Elle permettent de résister à une déconnexion sensorielle imposée par une idée fantasmée du corps idéal, souvent loin du corps vécu.

Cependant ces pratiques somatiques se dévelopent dans le contexte actuel d'une injonction à la quête individuelle vers des corps fonctionnels et productifs. Il est important de maintenir aussi une attention critique afin d'éviter que ces méthodes ne se posent en jeux de vérité.

 

 

 

 

Cécile Chiampo pour Jam in Lyon